La dissuasion nucléaire française au service de l’Union Européenne ?

Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 29 avril 2024 à 15h45
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Le président de la République a proposé d'ouvrir le débat sur la mise à disposition de l'Europe de l'arme nucléaire française.

Protéger les intérêts de la Nation

C’est un fait : depuis le Brexit, la France est le seul pays de l’Union Européenne à disposer d’une dissuasion nucléaire. En soi, la France faisant partie de l’Union Européenne, son parapluie nucléaire, associant missiles et sous-marins, contribue déjà à sa protection. Pour autant, le fait d’en faire usage fait partie, en France, des prérogatives du président de la République, chef des armées. Il y a peu, lors de son nouveau discours à La Sorbonne, avait appelé l’Europe à se doter d’une défense crédible.

En principe, la dissuasion nucléaire française ne peut entrer en action qu’afin de protéger les intérêts vitaux de la France. Néanmoins, dans un entretien à différents titres de la presse régionale, Emmanuel Macron va désormais un cran plus loin dans sa vision fédéraliste de l’Union Européenne : "Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d'armes de longue portée, l'arme nucléaire pour ceux qui l'ont ou qui disposent sur leur sol de l'arme nucléaire américaine", a-t-il déclaré.

Revoir la doctrine française

" Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible". Pourtant, malgré cette déclaration, l’actuel locataire de l’Élysée, a précisé qu’en même temps, la France garderait "sa spécificité mais est prête à contribuer davantage à la défense du sol européen". " Être crédible, c'est avoir aussi des missiles de longue portée qui dissuaderaient les Russes. La doctrine française est qu'on peut utiliser l’arme nucléaire quand nos intérêts vitaux sont menacés. J'ai déjà dit qu'il y a une dimension européenne dans ces intérêts vitaux."

Pour François Bayrou, président du Modem et allié politique d’Emmanuel Macron, sur l’antenne de LCI, "il peut y avoir des circonstances dans lesquelles un gouvernement français, des dirigeants français décident qu'une menace sur l'Europe est une menace contre la France." L’opposition à la ligne élyséenne a pour sa part estimé qu’une telle proposition de la part du chef des armées revenait à remettre entre les mains de l’Union l’arme nucléaire française, et demain, sans doute, le siège permanent de la France au conseil de sécurité de l'ONU. François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains (LR) aux prochaines élections européennes, a pour sa part estimé sur l’antenne d’Europe 1 qu’"un chef de l'État français ne devrait pas dire ça".

Jean Baptiste Giraud

Journaliste éco, écrivain, entrepreneur. Dir de la Rédac et fondateur d’EconomieMatin.fr. Fondateur de Cvox.fr. Officier (R) de gendarmerie.