Pour aider l’Ukraine, les États-Unis achètent au rabais de vieux avions… soviétiques !

Jean Baptiste Le Roux
Par Jean-Baptiste Leroux Publié le 6 mai 2024 à 17h03
Un bombardier Sukhoi Su 24 acheté par les Etats-Unis pour l'Ukraine Wikipedia
Un bombardier Sukhoi Su 24 acheté par les Etats-Unis pour l'Ukraine Wikipedia - © Armees.com

En octobre 2024, les États-Unis auraient discrètement acquis pour l'Ukraine 81 anciens avions de combat soviétiques au Kazakhstan lors d'une vente aux enchères. Cette transaction inhabituelle soulève des questions sur les intentions américaines et met en lumière les changements géopolitiques en Asie centrale.

Un achat surprenant et discret des États-Unis

Lors d'une vente aux enchères en octobre 2024, les États-Unis ont acheté 81 avions de combat soviétiques auprès du Kazakhstan. L'ensemble des 117 appareils vendus, datant des années 1970 et 1980, comprenait des chasseurs MiG-29, des intercepteurs MiG-31, des avions d'attaque au sol MiG-27 et des bombardiers Su-24. Les appareils, considérés comme inaptes au service, ont été vendus pour un total d'un milliard de tenges, soit environ deux millions d'euros. Ainsi, chaque carcasse a coûté à l'acheteur environ 17.000 euros, un prix relativement modique.

Cependant, les États-Unis n'ont pas fait cet achat de manière directe. Ils ont utilisé des sociétés offshore pour dissimuler leur implication, selon les médias Kyiv Post et Reporter. Cette acquisition inhabituelle de matériel militaire obsolète a été perçue comme une démarche surprenante, mais elle est loin d'être anodine.

Ukraine : les raisons stratégiques derrière l'achat

Plusieurs hypothèses expliquent l'intérêt des États-Unis pour ces vieux avions soviétiques. Premièrement, certains appareils, tels que le Su-24, sont toujours utilisés par l'Ukraine. Ces vieux avions kazakhs pourraient servir de précieuse source de pièces détachées pour les forces ukrainiennes, renforçant ainsi leur capacité opérationnelle. Deuxièmement, ces carcasses pourraient également être utilisées comme leurres sur les aérodromes ukrainiens, camouflées pour ressembler à des appareils encore en service. Elles pourraient ainsi tromper les missiles ou drones russes à la recherche de cibles. L'Ukraine a déjà prouvé son expertise dans l'utilisation de leurres pour déjouer les attaques russes, et ces avions désaffectés constitueraient un excellent ajout à cette stratégie.

Cette transaction marque aussi un changement dans les relations géopolitiques de la région. Le Kazakhstan, ancien proche allié de la Russie, a pris ses distances depuis l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine. En vendant ces avions aux États-Unis, il montre son rapprochement croissant avec l'Occident, au grand dam de la Russie qui voit d'un mauvais œil le détachement progressif de ses anciens satellites.

Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.