Faillite d’Atos : l’État rachète les activités stratégiques

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 29 avril 2024 à 15h30
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Bruno Le Maire a annoncé que l’État va acquérir des activités stratégiques du groupe Atos. Ce geste, loin d'être anodin, se dessine comme une mesure de souveraineté visant à sécuriser des technologies clés.

L'entreprise est au bord du gouffre depuis deux ans

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a adressé une lettre d'intention à Atos pour que l'État rachète ses activités. Cette opération a été révélée le 28 avril 2024 par l'ancien candidat à la primaire de la droite et du centre en 2016 sur LCI et elle vise à empêcher que des actifs majeurs tels que les supercalculateurs et les systèmes de cybersécurité ne tombent entre des mains étrangères. L’État tient absolument à renforcer la souveraineté nationale dans des secteurs technologiques essentiels.

Atos traverse actuellement une période bien difficile depuis environ deux ans avec une perte de 80% de sa valeur boursière en seulement un an et est endettée à hauteur de 5 milliards d'euros. La société, qui joue notamment un rôle clé dans les préparations technologiques des Jeux olympiques de 2024, se trouve au bord du gouffre financier, cherchant désespérément à réunir la coquette somme de 1,2 milliard d'euros depuis le début du mois d'avril 2024. L'intervention de l'État pourrait être donc plus que bénéfique.

Atos : les activités stratégiques visées

L’intention d'achat de l'État se concentre sur trois domaines clés : les supercalculateurs pour la simulation nucléaire, qui sont des ordinateurs de haute performance, les systèmes critiques utilisés par l'armée et les technologies de cybersécurité. Ces superordinateurs sont notamment capables de traiter de grandes quantités de données pour la recherche ou pour développer l’intelligence artificielle. Ces segments, employant environ 4 000 personnes majoritairement en France, sont vitaux pour la sécurité et l’indépendance technologique du pays. Ces trois activités génèrent environ 900 millions d’euros, ce qui correspond à moins de 10 % des revenus globaux d’Atos. La valorisation de ces activités s’étend de 700 millions à un milliard d’euros, illustrant leur importance stratégique et économique.

En sécurisant ces technologies, l'État envisage également de renforcer les partenariats avec d'autres acteurs français dans des domaines stratégiques comme la défense et l'aéronautique. Bruno Le Maire évoque la possibilité d'associer des entreprises comme Thales et Dassault Aviation dans ce plan de sauvetage. Ce mouvement pourrait non seulement stabiliser Atos, mais aussi renforcer l'écosystème technologique français dans son ensemble. L'entreprise a donné jusqu'au 3 mai 2024 à ses créanciers pour proposer des plans de refinancement.

Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l'Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.