L’arrivée annoncée de forces américaines dans l’archipel voisin de Trinité-et-Tobago ravive les inquiétudes du pouvoir vénézuélien. Le président Nicolás Maduro s’efforce de démontrer la préparation de son armée, mais de nombreux spécialistes soulignent les limites humaines et matérielles du pays. Dans un contexte de relations tendues avec Washington, l’hypothèse d’un affrontement, même indirect, inquiète autant les militaires que les diplomates.
Un voisin redouté et des tensions anciennes
La proximité géographique de Trinité-et-Tobago, à quelques kilomètres seulement du Venezuela, nourrit la méfiance de Caracas. Le déplacement de forces américaines dans cette zone stratégique est perçu comme un signal hostile. Les autorités affirment que le pays doit rester prêt à toute éventualité. Le gouvernement communique largement sur sa volonté de renforcer la Défense du territoire, en mettant en avant des dispositifs opérationnels et un maillage militaire dans l’ensemble des états du pays.
Les relations entre Washington et Caracas restent profondément marquées par deux décennies d’oppositions politiques. Les sanctions économiques, les accusations américaines liées au narcotrafic et le contentieux démocratique entretiennent une tension presque permanente. Face à un voisin doté de capacités militaires immenses, le Venezuela cherche à afficher sa détermination. Mais entre communication politique et réalité opérationnelle, l’écart interpelle de nombreux observateurs.
La rhétorique martiale du gouvernement vénézuélien contraste avec le quotidien des casernes. Plusieurs experts militaires évoquent un manque de moyens, des ressources humaines insuffisantes et un équipement en grande partie obsolète. Les forces armées disposent de matériels prestigieux sur le papier, mais peu réellement opérationnels faute de maintenance continue et de formation adaptée. Les analystes rappellent qu’un arsenal ne vaut que par la compétence de ceux qui l’utilisent.
Beaucoup de soldats gagnent des salaires très faibles, comparables aux rémunérations des autres fonctionnaires du pays. Dans ces conditions, les spécialistes s’interrogent sur la capacité du Venezuela à mobiliser rapidement et durablement ses troupes en cas de confrontation. La Défense du territoire repose alors largement sur une communication volontariste plutôt que sur une capacité militaire pleinement assurée.
Une préparation asymétrique et des interrogations diplomatiques
Conscient d’un déséquilibre majeur face aux États-Unis, le Venezuela revendique une stratégie dite “asymétrique”. L’objectif annoncé : rendre toute attaque trop coûteuse, notamment sur le plan politique international. Le discours officiel évoque des forces de Défense territoriale, composées de militaires et de miliciens, capables de compliquer toute incursion. Le gouvernement assure que les systèmes antiaériens déployés protègent les points névralgiques du pays.
Cependant, pour maintenir un tel modèle sur la durée, l’entraînement constitue un élément central. Les anciens cadres militaires insistent : une stratégie efficace exige une logistique robuste, une capacité de déploiement rapide et des pilotes, artilleurs et techniciens en nombre suffisant. Sans amélioration de ces paramètres, la doctrine défensive pourrait rester théorique.
L’hypothèse d’une intervention directe contre Caracas apparaît peu crédible pour une grande partie des spécialistes internationaux. Un conflit au Venezuela engendrerait des conséquences humanitaires et régionales majeures. Les diplomates favorisent donc la recherche d’un apaisement politique durable. Selon eux, seule une négociation pourrait permettre une transition stable et éviter un chaos profitable aux organisations criminelles déjà très implantées dans certaines régions.
Au-delà de la confrontation verbale, nombre de militaires à la retraite ou d’experts indépendants redoutent une réaction désordonnée du pays en cas de réel danger. Certains estiment qu’un choc militaire provoquerait une véritable débandade dans les rangs, faute de cohésion suffisante. Pour le Venezuela, la priorité pourrait donc être de restaurer la confiance interne et de consolider ses alliances diplomatiques afin de ne pas s’isoler davantage.








