Shutdown américain : l’Allemagne paie les salaires des employés civils

Alors que Washington reste paralysé par un shutdown budgétaire, l’Allemagne prend une décision rare : avancer les salaires des employés civils travaillant pour les forces des États-Unis stationnées sur son territoire. Un geste à la fois juridique, social et diplomatique.

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Shutdown américain : l’Allemagne paie les salaires des employés civils | Armees.com

Depuis le 22 octobre 2025, l’Allemagne s’est engagée à payer, sur ses propres fonds, les salaires du mois d’octobre de plus de 11 000 employés civils des forces armées des États-Unis en poste sur son sol. Cette mesure exceptionnelle vise à compenser les effets du blocage budgétaire américain qui a démarré le 1ᵉʳ octobre, laissant sans ressources immédiates l’administration fédérale et ses sous-traitants à l’étranger.

Quand l’Allemagne remplace le Trésor américain

L’annonce est tombée depuis Berlin : le ministère fédéral des Finances a confirmé qu’une « dépense extraordinaire » allait être engagée pour garantir la paie d’octobre des employés civils allemands des bases américaines. « Le gouvernement fédéral veillera à ce que les salaires soient versés à temps », a déclaré une porte-parole, citée par Stern. L’avance concerne entre 11 000 et 12 000 salariés, selon les estimations convergentes de la presse allemande.

Le dispositif est limité dans le temps : l’Allemagne paiera d’abord, les États-Unis rembourseront ensuite. Une opération à près de 43 millions d’euros, selon Stars and Stripes. Pour Berlin, il ne s’agit pas d’un cadeau, mais d’un pont budgétaire afin d’éviter une rupture de salaires contraire au droit du travail allemand.

Une intervention motivée par le droit social allemand

Les travailleurs concernés, appelés Ortskräfte — littéralement « personnels locaux » —, sont des civils allemands employés par l’armée américaine dans des domaines essentiels : sécurité, restauration, maintenance, logistique. Ces salariés ne relèvent pas de la fonction publique américaine, mais du droit du travail allemand et des conventions collectives locales. En conséquence, les retards de paie dus à une crise politique étrangère seraient illégaux sur le sol allemand, selon les syndicats.

L’un de ces derniers, le syndicat Verdi, a d’ailleurs sommé le gouvernement de Berlin d’intervenir. « Ce qui est nouveau, c’est que l’administration américaine actuelle semble refuser de respecter le droit allemand », a dénoncé l’organisation dans un communiqué rapporté par Stars and Stripes. Cette pression syndicale a précipité la décision du ministère des Finances, tandis que les autorités régionales de Rhénanie-Palatinat, où se trouvent la majorité des bases, plaidaient pour une solution rapide.

Des salaires garantis pour protéger un partenariat stratégique

La Rhénanie-Palatinat concentre à elle seule environ 6 300 de ces employés civils, soit plus de la moitié du total national, selon ZDFheute. Autour de la base aérienne de Ramstein, de la garnison de l’armée américaine de Rhénanie-Palatinat et de Kaiserslautern, ces postes soutiennent directement la présence militaire des États-Unis, la plus importante hors de leur territoire. Pour le ministre-président Alexander Schweitzer, « les employés n’ont pas à s’inquiéter », car les paies seront versées quoi qu’il arrive.

Ce soutien d’urgence témoigne aussi du pragmatisme des relations germano-américaines. Même en pleine crise budgétaire à Washington, l’Allemagne tient à préserver la continuité des opérations alliées. Les bases américaines génèrent des milliers d’emplois et irriguent l’économie locale : interrompre les salaires aurait eu des répercussions sociales et diplomatiques immédiates. Pour Berlin, éviter une telle tension vaut bien une avance temporaire sur fonds publics.

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