Le général Igor Kirillov, chef des troupes russes de défense radiologique, chimique et biologique, a été tué dans une explosion survenue le matin du 17 décembre 2024 à Moscou. Une attaque survenue alors que le général venait d’être condamné par contumace par l’Ukraine pour des crimes liés à l’utilisation d’armes chimiques.
Assassinat d’Igor Kirillov : une attaque au cœur de Moscou
L’explosion s’est produite devant une résidence dans un quartier résidentiel de Moscou. Selon les médias russes, notamment Astra, un engin explosif improvisé avait été dissimulé sur une trottinette stationnée près de l’entrée de l’immeuble. L’explosion a été si violente qu’elle a tué sur le coup le général Igor Kirillov ainsi que son assistant personnel, qui se trouvait à proximité.
Le Comité d’enquête russe a rapidement ouvert une procédure criminelle pour tenter de retracer les origines de l’attaque. Toutefois, les responsables de l’enquête ont d’ores et déjà évoqué un acte délibéré visant à frapper une figure militaire de premier plan. La mort de Kirillov n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans une dynamique d’assassinats ciblés qui visent des responsables militaires russes depuis plusieurs mois.
Igor Kirillov, figure-clé dans l’utilisation d’armes chimiques
Igor Kirillov occupait un rôle central au sein des forces armées russes. En tant que chef des troupes de défense radiologique, chimique et biologique, il dirigeait une unité responsable de la préparation, de l’utilisation et de la défense contre les armes chimiques.
Le Service de sécurité ukrainien (SBU) avait, la veille même de sa mort, condamné Kirillov par contumace pour son rôle dans l’utilisation massive d’armes chimiques en Ukraine. Le SBU affirme que sous ses ordres, plus de 4 800 attaques impliquant des munitions chimiques ont été recensées depuis le début de l’invasion en février 2022. Ces accusations sont particulièrement graves et ajoutent une dimension morale et juridique à la mort du général.
La communauté internationale avait également pris des mesures contre Kirillov. En octobre 2024, le Royaume-Uni avait imposé des sanctions à son encontre ainsi qu’à son unité, dénonçant l’usage d’armes interdites par les conventions internationales. Les armes chimiques, considérées comme des instruments de guerre particulièrement barbares, placent Kirillov parmi les militaires les plus controversés de l’armée russe.
Une série d’assassinats ciblés en Russie
L’explosion qui a coûté la vie au général Kirillov s’ajoute à une série d’attaques ciblant des responsables militaires russes. Depuis plusieurs mois, plusieurs figures clés de l’appareil militaire russe ont été éliminées dans des circonstances similaires.
Quelques jours plus tôt, Mikhail Shatsky, un expert russe impliqué dans la modernisation des missiles utilisés contre l’Ukraine, a été abattu près de Moscou. En septembre, Aleksey Kolomeitsev, colonel chargé de la formation des opérateurs de drones d’attaque, avait également été tué dans la région de Kolomna. Ces assassinats, bien que rarement revendiqués, témoignent d’une stratégie de guerre hybride visant à perturber la chaîne de commandement russe. La mort de Kirillov est cependant plus symbolique encore, en raison de son implication directe dans des crimes de guerre présumés.
La disparition d’une figure aussi influente que Kirillov pourrait avoir des répercussions profondes sur la capacité opérationnelle des forces russes. En tant que chef des défenses chimiques, il supervisait un domaine hautement technique et stratégique. Son absence laisse un vide difficile à combler dans une unité clé de l’armée russe, surtout en pleine guerre.
Par ailleurs, cet événement renforce la pression psychologique exercée sur les responsables militaires russes. En prouvant que des attaques peuvent être menées jusque dans la capitale russe, les Ukrainiens (ou leurs alliés non déclarés) démontrent une capacité d’infiltration qui défie les dispositifs sécuritaires russes.
Du côté russe, cette attaque pourrait servir d’argument pour justifier une intensification des frappes contre les infrastructures ukrainiennes, sous couvert de représailles. Le Kremlin pourrait également chercher à instrumentaliser la mort de Kirillov pour renforcer la propagande anti-ukrainienne auprès de l’opinion publique russe.