F-35 : l’Allemagne pourrait annuler sa commande aux États-Unis

Depuis le revirement des États-Unis dans la guerre en Ukraine, l’Europe tend à vouloir reprendre la main en matière de défense et d’armée. L’Allemagne est l’un des principaux acheteurs de F-35 américains. La question de l’annulation de certaines commandes commence à se poser.

Les Allemands vont-ils faire volte-face concernant les F-35 américains ?

L’Allemagne fait face à un dilemme stratégique de premier ordre alors qu’elle envisage l’acquisition de 35 avions de combat furtifs F-35, construits par l’Américain Lockheed Martin. Coût total de la commande : 10 milliards d’euros. Cette commande, annoncée en 2022 en réponse à l’invasion russe de l’Ukraine, s’inscrit dans une volonté de modernisation des forces aériennes allemandes et de maintien du rôle de Berlin au sein du dispositif nucléaire de l’OTAN. Cependant, des voix s’élèvent, notamment celle du futur chancelier Friedrich Merz, qui appelle à des « mesures radicales » pour renforcer l’autonomie militaire européenne et réduire la dépendance au matériel américain.

L’achat des F-35 place l’Allemagne, ainsi que d’autres nations européennes ayant fait le même choix, dans une dépendance accrue aux États-Unis pour leur défense aérienne et leur participation à la dissuasion nucléaire. Cet avion de cinquième génération a été conçu pour intégrer les systèmes de commandement de l’OTAN et peut transporter les bombes nucléaires américaines B61, élément central de la politique de dissuasion de l’Alliance atlantique.

Le choix allemand s’explique donc par la nécessité de remplacer les Tornado, en service depuis plusieurs décennies, et d’assurer la continuité de cette mission nucléaire jusqu’à l’éventuelle mise en place d’un projet européen de dissuasion indépendante. Toutefois, cette acquisition renforce le rôle des États-Unis dans la défense européenne, une situation dénoncée par certains experts qui estiment que « l’allié américain n’est plus aussi inconditionnel qu’il l’a été« , comme l’affirme une analyse relayée par plusieurs sources stratégiques.

Les autres pays européens concernés

L’Allemagne n’est pas la seule à avoir opté pour le F-35. Neuf autres pays européens, dont la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, ont également fait ce choix. Cette homogénéisation permet une interopérabilité avec les forces de l’OTAN, mais soulève aussi la question de la souveraineté industrielle et technologique de l’Europe en matière de défense. La situation devient encore plus préoccupante dans un contexte où les États-Unis, sous diverses administrations, montrent des signes de protectionnisme et d’unilatéralisme qui fragilisent la position de leurs alliés européens.

Le programme SCAF (Système de combat aérien du futur), conçu pour donner naissance à un avion de sixième génération d’ici les années 2040, peine à avancer en raison des tensions entre la France et l’Allemagne, notamment sur la répartition des tâches industrielles et le partage des technologies.

Le Rafale, produit par Dassault Aviation, aurait pu représenter une option, mais il ne répond pas aux exigences de l’OTAN en matière de dissuasion nucléaire, contrairement au F-35, déjà certifié pour transporter la bombe B61. En outre, bien que technologiquement inférieur au F-35 en matière de furtivité et d’intégration des systèmes d’information avancés, le Rafale bénéficie d’une indépendance industrielle totale, ce qui permettrait à l’Allemagne d’éviter les restrictions liées aux composants américains. Le Gripen suédois, lui aussi exclu, intègre des éléments technologiques fournis par les États-Unis, ce qui le place dans la même situation que le F-35 en matière de dépendance.