Colombie : l’armée lance une vaste opération contre la dissidence des FARC

Jean Baptiste Le Roux
Par Jean-Baptiste Leroux Publié le 14 octobre 2024 à 8h27
En Colombie, l'armée a lancé une offensive contre une branche dissidente des FARC. Wikipedia.
En Colombie, l'armée a lancé une offensive contre une branche dissidente des FARC. Wikipedia. - © Armees.com

L’armée colombienne a mené une offensive militaire majeure contre l'État-Major Central (EMC), une faction dissidente des FARC. Le conflit se concentre dans une région clé pour la production de cocaïne, dominée par ce groupe depuis plusieurs années.

Une mobilisation militaire d'envergure en Colombie

Le samedi 12 octobre, l’armée colombienne a lancé une offensive de grande ampleur contre la guérilla dissidente de l'État-Major Central (EMC). Cette faction, qui s’est séparée des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) après l'accord de paix de 2016, contrôle de larges pans de territoire dans la région du canyon de Micay. Ces zones sont cruciales pour la culture de la coca, principale matière première pour la fabrication de la cocaïne.

L'opération, baptisée "Perseo", marque une réponse ferme du gouvernement colombien contre cette guérilla. Le président Gustavo Petro a souligné que l’armée se mobilisait pour reprendre le contrôle de la ville d’El Plateado, qui, selon lui, est devenue un centre névralgique du commerce international de la drogue. Pour cette opération, l’armée a déployé des moyens significatifs, y compris des avions, des blindés et de l’artillerie, témoignant de l’ampleur des combats attendus face à l’EMC.

Des combats intenses dans une région clé pour la cocaïne

L’offensive a commencé dès l’aube à El Plateado, un des bastions de l’EMC dans une zone montagneuse difficile d’accès. Les premières heures ont été marquées par des affrontements violents, au cours desquels l'EMC a utilisé des drones pour tenter de repousser les troupes colombiennes. Le général Luis Cardozo, à la tête des opérations, a rapporté que ces attaques avec des drones visaient à lancer des grenades sur les forces armées, un signe de la sophistication croissante des tactiques employées par la guérilla.

Cette région revêt une importance stratégique particulière pour l'EMC en raison des vastes cultures de coca qu’elle abrite. La production de cocaïne représente une source de financement majeure pour cette guérilla, qui l'utilise pour financer ses activités criminelles et ses armes. Pour le gouvernement, reprendre ce territoire est essentiel pour affaiblir les capacités logistiques et économiques de l'EMC.

Le contexte politique et les tentatives de négociation

Cette offensive intervient alors que des discussions de paix ont été évoquées entre le gouvernement et certaines factions armées. Toutefois, la dissidence des FARC, dont l'EMC est l'une des principales branches, reste une épine dans le pied des autorités colombiennes. L’EMC a régulièrement critiqué le gouvernement, notamment pour sa gestion des pourparlers de paix, et a demandé aux délégations internationales de boycotter la COP16 sur la biodiversité, prévue à Cali à la fin du mois d’octobre.

Malgré l’appel de l’EMC à la communauté internationale pour éviter cet événement, le gouvernement maintient que la lutte contre ces groupes est cruciale pour garantir la sécurité du pays. La situation met en lumière la complexité des relations entre l’État colombien et les guérillas, qui, bien qu'ouvertes à des discussions, continuent de résister sur le terrain.

Une lutte contre le narcotrafic en toile de fond

Le contrôle des zones de production de coca par des groupes armés comme l'EMC représente un défi constant pour l’État colombien. En effet, la Colombie reste l’un des plus grands producteurs de cocaïne au monde, et ces cultures permettent aux guérillas de maintenir leur pouvoir économique et militaire. En ciblant les bastions de l’EMC, comme El Plateado, l’armée vise à couper les principales sources de financement de cette dissidence.

Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

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