Neuf scientifiques sud-africains se retrouvent en ce moment coincés dans la station isolée de Sanae IV, en Antarctique. Cette base, perchée sur des pilotis à côté d’une falaise et située à environ 170 km du bord de la banquise, est coupée du monde pendant dix mois chaque année à cause d’une météo capricieuse. Récemment, cet isolement a entraîné des tensions internes qui inquiètent tout le monde.
Vie sous pression et incidents dérangeants
À Sanae IV, le personnel reste généralement environ 13 mois durant l’hiver antarctique, ce qui impose un confinement intense pouvant peser sur le moral. Même si chacun a passé des tests psychométriques avant le départ, des incidents passés avec des menaces de violence avaient déjà été signalés. Dans une ambiance déjà tendue, un membre de l’équipe aurait agressé physiquement un collègue et proféré des menaces de mort.
Ces accusations ont été confirmées par Dion George, le ministre sud-africain de l’environnement rapporte le journal sud-africain The Sunday Times. Un courriel d’urgence envoyé au gouvernement mentionnait aussi des allégations d’agression sexuelle, bien que ces dernières se soient avérées incorrectes. Le comportement agressif du chercheur a plongé la base dans une atmosphère de peur et d’intimidation. Un membre de l’équipe s’est confié : « Son comportement est devenu de plus en plus scandaleux, et j’éprouve de sérieuses difficultés à me sentir en sécurité en sa présence. »
Réactions et mesures prises sur le terrain
Face à cette situation, Dion George a annoncé qu’il souhaitait discuter avec les membres de l’équipe pour mieux cerner ce qui se passait. De son côté, Peter Mbelengwa, le chef des communications du Département des Forêts, Pêches et Environnement (DFFE), a indiqué que son service traitait la question en urgence et avait ouvert une enquête approfondie.
Un plan a été lancé pour rétablir de bonnes relations dans la base. Il inclut des stratégies de résolution de conflits et un soutien psychologique pour toute l’équipe. Les médiateurs gardent un contact presque quotidien avec les scientifiques sur place pour veiller à leur bien-être. Par ailleurs, le professionnel chargé des évaluations psychométriques va être de nouveau sollicité pour réexaminer les membres concernés et aider à gérer la situation.
Obstacles logistiques et perspectives d’avenir
L’isolement géographique rend toute intervention rapide extrêmement difficile, une situation exacerbée par le réchauffement climatique qui affecte l’Antarctique. La seule évacuation envisageable serait médicale vers une base allemande à environ 300 kilomètres (ce n’est pas à côté, vous imaginez bien). Avant le départ du navire SA Agulhas II, il existait une possibilité d’évacuation, mais elle aurait été coûteuse et difficile à organiser avant décembre, quand le passage maritime redeviendra accessible.
Le chercheur accusé a déjà subi une évaluation psychologique complémentaire et a présenté une lettre d’excuses formelle à la victime. Toutefois, les autres membres restent inquiets pour leur sécurité dans cet environnement clos où « les petites choses peuvent éclater en conflit », selon Craig Jackson.
Ces événements illustrent bien les défis particuliers auxquels font face ceux qui travaillent dans des milieux aussi rudes que l’Antarctique, où les écosystèmes sous-glaciaires défient les théories écologiques.