La stratégie nucléaire américaine est en pleine mutation, reflétant une réévaluation majeure des priorités de défense dans un contexte de tensions croissantes avec la Chine. Ce changement marque un tournant significatif dans la manière dont les États-Unis envisagent la dissuasion nucléaire à l’échelle mondiale.
Une révision stratégique motivée par l'expansion nucléaire chinoise
En mars 2024, le président Joe Biden a approuvé un plan stratégique nucléaire hautement confidentiel, redéfinissant pour la première fois depuis des décennies la doctrine de dissuasion nucléaire des États-Unis. Ce plan, intitulé « Nuclear Employment Guidance », se concentre désormais sur la montée en puissance rapide de l'arsenal nucléaire chinois. Selon les estimations du Pentagone, la Chine pourrait atteindre un niveau équivalent aux arsenaux nucléaires des États-Unis et de la Russie d'ici la prochaine décennie, une perspective qui a alarmé Washington.
Traditionnellement, la stratégie nucléaire américaine, révisée tous les quatre ans à travers la « Nuclear Posture Review » (NPR), se concentrait principalement sur la Russie, dont l'arsenal nucléaire est comparable à celui des États-Unis. Cependant, la nouvelle directive américaine, bien que non officiellement confirmée par la Maison Blanche, inclut des préparatifs pour des confrontations nucléaires simultanées ou coordonnées avec la Chine, la Russie et la Corée du Nord.
Les implications géopolitiques d'une nouvelle ère nucléaire
L'expansion rapide des capacités nucléaires chinoises sous la présidence de Xi Jinping représente un défi majeur pour la sécurité mondiale. Sous la direction de Xi, la Chine a abandonné sa stratégie de dissuasion minimale pour viser à égaler, voire à surpasser, les arsenaux nucléaires de Washington et de Moscou. D'ici 2035, la Chine pourrait posséder jusqu'à 1 500 ogives nucléaires, un chiffre qui préoccupe grandement les responsables américains.
Parallèlement, les relations entre les puissances nucléaires deviennent de plus en plus complexes. La coopération militaire croissante entre la Russie et la Chine, ainsi que l'augmentation des capacités nucléaires de la Corée du Nord, forcent les États-Unis à réévaluer leur posture de dissuasion. La Chine, quant à elle, a suspendu les discussions sur la sécurité nucléaire avec les États-Unis, aggravant les risques de malentendus ou d'incidents qui pourraient conduire à une escalade nucléaire