L'éviction de Sergueï Choïgou a quelque peu surpris les observateurs. L'ancien ministre, réputé pour être un proche confident de Vladimir Poutine, a vu son image se ternir suite à plusieurs revers militaires humiliants et des critiques croissantes concernant sa gestion de la guerre. Evgueni Prigojine, chef des mercenaires de Wagner, l'avait ouvertement critiqué, jugeant sa gestion bureaucratique et déconnectée des réalités du terrain, deux éléments sur lesquels ce dernier avait justifié la rébellion et la marche vers Moscou en juin 2023.
La position de Sergueï Choïgou s'était d'autant plus fragilisée que celui-ci s'était éclipsé durant la rébellion avortée d'Evgueni Prigojine. En plus des échecs militaires, des accusations de corruption pesaient lourdement sur l'administration de Sergueï Choïgou. Le vice-ministre Timour Ivanov avait en effet été limogé pour malversations, révélant l'étendue des problèmes au sein du ministère. La nomination d'Andreï Belooussov vise par conséquent aussi à « réduire la corruption et le rôle des affaires liées aux relations personnelles », selon le politologue Sergueï Markov. Sergueï Choïgou n'est toutefois pas laissé pour compte ; il prendra la position de secrétaire du Conseil de Sécurité, remplaçant ainsi Nikolaï Patrouchev. L'armée russe ayant lancé, vendredi 10 mai 2024, son offensive sur Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne, « Choïgou continuera à travailler dans ce domaine, qu'il connaît bien, qu'il connaît très bien de l'intérieur, avec ses collègues et ses partenaires sur son ancien lieu de travail », explique le porte-parole du Kremlin.