Des employés chargés de la sécurité nucléaire, licenciés puis réintégrés dans la confusion. Une situation qui soulève de nombreuses interrogations sur les choix de la nouvelle administration Trump et leurs répercussions sur la sûreté des États-Unis.
En février 2025, des ingénieurs de sécurité et des experts nucléaires de la National Nuclear Security Administration (NNSA) ont découvert, en se présentant à leur poste, que leur accès était bloqué. Motif : un licenciement collectif décidé dans la précipitation. Quelques jours plus tard, une tentative chaotique de réintégration.
Des licenciements massifs et soudains
Le 13 février 2025, près de 350 employés de la NNSA ont été licenciés, certains découvrant la nouvelle en essayant d’accéder à leur messagerie professionnelle. Ce département, essentiel à la supervision des 3 000 ogives nucléaires américaines, a vu ses effectifs amputés d’un coup. Selon les déclarations officielles du ministère de l’Énergie, il ne s’agissait que de « moins de 50 employés en période d’essai », mais plusieurs témoins anonymes évoquent un nombre bien supérieur. Ces licenciements font partie d’une politique plus large de réduction des effectifs fédéraux, impulsée par Donald Trump et supervisée par Elon Musk, à la tête du Department of Government Efficiency (DOGE). Cette initiative a déjà conduit au départ de 75 000 fonctionnaires via des offres de départ volontaire, ainsi qu’au licenciement brutal de 10 000 autres agents. L’impact de cette décision est loin d’être anecdotique. Daryl Kimball, directeur de l’Arms Control Association, a dénoncé une « ingérence irresponsable » dans un secteur hautement sensible. « Le personnel licencié n’était pas simplement administratif, mais comprenait des experts en démantèlement et en surveillance des armes nucléaires », a-t-il précisé. Ces employés travaillent notamment sur le site de Pantex, au Texas, spécialisé dans l’assemblage et le désassemblage des ogives.
Face à la levée de boucliers provoquée par ces licenciements, l’administration Trump a tenté un rétropédalage. Une note, signée par Teresa Robbins, directrice intérimaire de la NNSA, a ordonné l’annulation des licenciements pour tous les employés concernés, à l’exception de 28 d’entre eux. Cependant, cette réintégration s’est avérée particulièrement laborieuse. Les services RH ont éprouvé de grandes difficultés à contacter les employés licenciés, privés d’accès à leur messagerie fédérale et dont les coordonnées personnelles étaient souvent absentes des fichiers administratifs. Un courriel interne, relayé par NBC News, témoignait de cette confusion : « Nous n’avons pas de bon moyen de joindre ces personnes. »
Même après leur réintégration officielle, certains employés hésitent à revenir au travail. L’incertitude générée par ces décisions brutales a provoqué une érosion de la confiance au sein des équipes. Edwin Lyman, de l’Union of Concerned Scientists, avertit : « Cette instabilité envoie un message inquiétant aux adversaires des États-Unis, qui pourraient y voir une faille à exploiter. »
Des conséquences potentielles sur la sécurité nationale
Les risques liés à cet épisode dépassent la simple désorganisation interne. La NNSA joue un rôle clé dans la maintenance et la modernisation de l’arsenal nucléaire, un chantier de 750 milliards de dollars qui inclut de nouveaux missiles intercontinentaux et des systèmes de propulsion avancés pour sous-marins. La sénatrice démocrate Patty Murray a fustigé ces licenciements « aléatoires et dangereux », soulignant que des ingénieurs en sécurité travaillant sur le site sensible de Hanford, dans l’État de Washington, figuraient parmi les licenciés. Cette crise intervient alors que l’agence fait déjà face à des difficultés de recrutement. En 2023, 60 % des employés comptaient moins de cinq ans d’ancienneté, laissant craindre une perte de compétences à long terme. Rob Plonski, directeur adjoint de la division, a résumé l’enjeu dans une publication sur LinkedIn : « Nous devons choisir entre maintenir notre leadership mondial en matière de sécurité nucléaire ou affaiblir les systèmes qui garantissent la protection de notre nation. »
Ces événements s’inscrivent dans une dynamique plus large de réduction de la taille de l’administration fédérale, l’un des objectifs affichés de Donald Trump. Le DOGE, dirigé par Elon Musk, mène cette campagne avec pour ambition de « rationaliser les dépenses publiques ». Ce programme s’est notamment traduit par des coupes dans les aides sociales et les agences environnementales. Cependant, cette approche rencontre une vive opposition. Les détracteurs, comme le représentant démocrate Jason Crow, dénoncent des décisions « irréfléchies » mettant en péril la sécurité nationale. « Licencier le personnel qui supervise les stocks nucléaires, ce n’est pas de l’efficacité, c’est de l’incompétence », a-t-il déclaré sur le réseau social X.
En d’autres temps une telle incompétence (suspecte?)aurait été synonyme de Haute trahison et passible du conseil de guerre!
Que se passe t’il au pays de l’oncle Sam?Ne sont-ils pas conscients qu’ils sont en train de se faire manipuler par la Russie?