L’Allemagne se trouve à un tournant stratégique concernant ses dépenses militaires. Friedrich Merz, figure de la CDU, tente de trouver une solution rapide pour renforcer la défense nationale. Plusieurs options sont sur la table, mais chacune présente des obstacles politiques et économiques majeurs.
Défense : le besoin urgent de financements pour l’Allemagne
Depuis plusieurs années, l’Allemagne est sous pression pour augmenter ses dépenses militaires. Dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, la question du financement d’une armée plus robuste est devenue incontournable. Friedrich Merz, après sa victoire récente aux élections, cherche un moyen d’obtenir rapidement des fonds supplémentaires. D’après les Echos, une solution à l’étude serait de s’appuyer sur le Parlement sortant, encore en fonction pour quelques semaines, afin d’adopter un dispositif exceptionnel.
Parmi les propositions en discussion figure la création d’un fonds spécial, similaire à celui mis en place en 2022, qui avait permis de mobiliser 100 milliards d’euros pour la Bundeswehr. Certains évoquent même une extension de ce mécanisme pour atteindre jusqu’à 200 milliards d’euros. Mais cette stratégie suscite des réticences et pourrait se heurter à des oppositions fortes au sein du nouveau Parlement.
Des défis politiques et économiques majeurs
Le principal obstacle reste la question du « frein à la dette ». Cette règle constitutionnelle limite strictement les possibilités d’endettement du gouvernement fédéral. Si une modification de cette règle pouvait être envisagée, elle nécessiterait un vote à la majorité des deux tiers, un seuil difficile à atteindre sans le soutien de partis aux idéologies très divergentes.
Les discussions avec le parti de gauche radicale Die Linke sont en cours, mais elles restent complexes. Si ce parti semble prêt à envisager un assouplissement du « frein à la dette », il demande en échange des investissements dans le social, l’éducation et les infrastructures. Une orientation qui entre en contradiction avec la politique budgétaire des conservateurs.
Une autre possibilité serait de déclarer une situation d’urgence une fois le nouveau Parlement en place. Une majorité simple suffirait alors pour contourner temporairement les restrictions budgétaires. Cependant, cette approche présente des limites : elle imposerait de renouveler cette déclaration chaque année, ce qui rendrait l’investissement militaire incertain sur le long terme.
Un débat aux enjeux européens
Au-delà des frontières allemandes, une autre idée est avancée : la création d’un fonds de défense commun à l’échelle européenne. Cette solution, inspirée du plan de relance de 750 milliards d’euros mis en place durant la crise du Covid-19, pourrait permettre de mutualiser les efforts des États membres pour renforcer la capacité de défense du continent.
Toutefois, ce scénario se heurte à de fortes réticences, notamment au sein de la CDU-CSU. Lors de la crise sanitaire, le parti avait accepté ce type de mécanisme de manière exceptionnelle, en insistant sur son caractère unique. Une répétition de ce schéma pour la défense risquerait de susciter une opposition ferme.
Quelle issue pour Friedrich Merz ?
Le leader conservateur est donc confronté à une équation complexe. La création d’un fonds spécial avec l’ancien Parlement pourrait apparaître comme une solution rapide, mais politiquement risquée. Déclarer une urgence budgétaire offrirait une alternative, mais sans garantie de stabilité sur le long terme. Enfin, une approche européenne impliquerait un consensus difficile à obtenir.
Dans les prochaines semaines, la pression va s’intensifier sur Friedrich Merz pour trouver un compromis. Entre les exigences budgétaires, les réticences politiques et les attentes des partenaires européens, il devra naviguer avec prudence pour faire adopter sa stratégie sans fragiliser sa majorité. L’issue de ces discussions pourrait redéfinir la posture de l’Allemagne en matière de défense pour les années à venir.