Le 7 octobre 2024, Atos a officiellement refusé l’offre de 700 millions d’euros faite par l’État français pour racheter ses activités stratégiques, notamment dans les secteurs des supercalculateurs, essentiels à la dissuasion nucléaire et à la défense. L'entreprise française avait jusqu'au 4 octobre pour donner sa réponse. Les négociations se poursuivent entre les deux partie, Atos étant plus gourmand du fait de sa dette.
Bras de fer commercial entre Atos et l'État
Atos, confrontée à des difficultés financières graves, a refusé l’offre de rachat proposée par l'État français pour ses activités Advanced Computing, Mission-Critical Systems et Cybersecurity Products de BDS et d'autres actifs stratégiques dans la défense et la cybersécurité. L'offre de 700 millions d'euros, déposée en juin 2024, visait à protéger la souveraineté française en matière de calcul haute performance, essentiel pour des secteurs critiques comme la dissuasion nucléaire ou encore la défense des avions de chasse Rafale. Malgré une révision de l’offre au 30 septembre 2024, Atos et l’État n’ont pas trouvé d’accord avant la date limite du 4 octobre 2024.
Néanmoins, malgré l'expiration de l'offre, les deux parties ont toutes deux exprimées leur volonté de poursuivre les négociations. Atos a proposé une nouvelle offre compatible avec son plan de restructuration financière, tandis que l'État français a confirmé qu'il préparait une nouvelle proposition pour acquérir ces actifs. Comme le précise le communiqué de presse d'Atos : « Il est rappelé que le plan de restructuration financière largement voté par les classes de parties affectées le vendredi 27 septembre intègre la préservation de ces activités au sein du Groupe Atos. L’expiration de l’offre n’impacte donc pas le processus de restructuration financière en cours ».
Le lourd héritage de Thierry Breton
C'est toute la stratégie de fusion-acquisition menée par Thierry Breton, lorsqu'il était PDG du fleuron français entre 2009 à 2019 qui est finalement à l'origine de ce bras de fer entre Atos et l'État français, ce dernier ayant laissé l'entreprise crouler sous une dette abyssale à son départ. Fin juin 2024, celle-ci s'élevait à 4,22 milliards d'euros de dettes - réévaluée depuis à 5 milliards d'euros - un fardeau qui l'a poussée à envisager la vente de ses actifs stratégiques.
La situation financière d'Atos est en effet si critique que l'entreprise est contrainte de procéder à une restructuration massive. Un plan de sauvegarde a été élaboré et sera présenté au Tribunal de commerce de Nanterre le 15 octobre 2024. L'issue des négociations reste donc incertaine, car même si la France peut bloquer la vente des actifs d'Atos, celle-ci reste une entreprise privée. Une chose est sûre : la France ne peut se permettre de perdre le contrôle de ses supercalculateurs et de ses infrastructures stratégiques, qui sont vitales pour sa défense nationale.