Canon HIMARS : arme miracle ou illusion de puissance ? Enquête sur un canon stratégique

Au cœur de l’arsenal occidental livré à Kyiv, le canon HIMARS fascine par sa mobilité et sa portée. Mais derrière l’image d’arme décisive, que disent les chiffres, les témoignages militaires et les retours d’expérience sur le terrain ?

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canon HIMAR | Armees.com

Au cœur de l’arsenal occidental livré à Kyiv, le canon HIMARS fascine par sa mobilité et sa portée. Mais derrière l’image d’arme décisive, que disent les chiffres, les témoignages militaires et les retours d’expérience sur le terrain ?

Le 23 mai 2025, dans un conflit ukrainien toujours marqué par l’intensité des frappes en profondeur, le canon HIMARS reste un sujet central des analyses militaires. Ce lance-roquettes américain, conçu pour allier mobilité, puissance de feu et précision, a changé la manière dont les frappes d’artillerie sont menées. Déployé dans plusieurs conflits depuis le début du XXIᵉ siècle, il est devenu une pièce stratégique sur le théâtre ukrainien. Pourtant, son efficacité réelle, le nombre exact d’unités livrées, et son impact militaire font encore débat.

Une arme née du besoin de frappe mobile – Genèse du HIMAR

Développé dans les années 1990 par Lockheed Martin, le HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System) a été conçu pour offrir une alternative plus mobile au système MLRS (Multiple Launch Rocket System) lourd. Entré en service actif dans l’armée américaine en 2005, il est rapidement employé dans les opérations en Irak et en Afghanistan, où sa capacité à délivrer des frappes de précision à distance sécurisée séduit les états-majors.

Le système repose sur un châssis de camion FMTV, équipé d’un pod capable d’accueillir six roquettes GMLRS ou un missile balistique ATACMS. En mai 2023, lors d’un exercice en Estonie, le 3ᵉ régiment d’artillerie de marine français a présenté le HIMARS aux forces estoniennes et britanniques. Cette démonstration, documentée par le ministère des Armées français, s’inscrivait dans un cadre OTAN. (« Présentation d’un lance-roquettes multiples américain HIMARS à Tapa », ImagesDéfense.gouv.fr)

Déploiement en Ukraine – Combien de HIMARS, et pour quels résultats ?

L’armée ukrainienne reçoit les premiers HIMARS en juin 2022. Leur déploiement coïncide avec une série de frappes précises sur les dépôts de munitions russes, qui changent rapidement le rapport de force. En septembre 2022, La Dépêche cite le général Mark Milley, président du comité des chefs d’état-major américain :

« Les Ukrainiens ont utilisé ces systèmes de manière très efficace. » (« Lance-roquettes Himars : quelles armes permettent de repousser la Russie ? », La Dépêche,)

D’après le New York Post, les HIMARS équipés des nouvelles roquettes à longue portée ont permis à Kyiv de frapper des infrastructures militaires russes jusque dans la région de Koursk, à plus de 130 km du front. (« Moment Ukraine destroys Russian bridges in Kursk with US-made weapons », NYPost.com, 22 août 2024)

Évolution technique : la portée franchit le seuil des 150 kilomètres

En septembre 2023, le site spécialisé Meta-Defense rapporte que Lockheed Martin a validé la portée étendue de la nouvelle version des roquettes GMLRS :

« Lockheed-Martin a annoncé que la nouvelle roquette ER GMLRS avait atteint sa portée maximale de 150 km lors d’un essai. »

Cette avancée place le HIMARS au niveau des systèmes russes Tornado-S, tout en conservant sa modularité logistique. La possibilité d’engager des cibles à longue distance avec des munitions moins coûteuses que des missiles ATACMS renforce son intérêt tactique, notamment en Ukraine.

Limites tactiques et vulnérabilités révélées

Mais le succès du HIMARS a un prix. Plusieurs unités ont été détruites en 2024 lors d’attaques russes. La plateforme Wikipedia recense deux pertes majeures, en mars et en août. Les forces russes ont aussi développé des techniques de brouillage GPS, compromettant la précision du guidage satellite. Toutefois, les roquettes GMLRS intègrent un système de navigation inertielle permettant de maintenir une certaine précision.

Selon Defense News, la production des munitions GMLRS à portée étendue a été accélérée dès juin 2024 pour répondre aux besoins ukrainiens. (« Extended range version of Army guided rocket enters production », DefenseNews.com)

Bilan stratégique : l’HIMARS, une arme qui force l’adaptation ennemie

La réussite du HIMARS ne se mesure pas uniquement à ses destructions matérielles, mais à la réorganisation qu’il impose. Les armées russes ont été contraintes de déplacer leurs stocks logistiques de plusieurs dizaines de kilomètres, de densifier les systèmes C-RAM (Cruise-Rocket/Artillery/Mortar), et de revoir l’architecture de leurs lignes d’appui. (« La portée de la roquette GMLRS… », Meta-Defense.fr)

Même si le HIMARS ne permet pas de renverser seul le cours d’un conflit, il redéfinit les zones de sécurité et de vulnérabilité, modifiant profondément la dynamique tactique des armées engagées.

Ni surévalué, ni miracle, le HIMARS est un système d’artillerie tactique efficace et agile, dont les résultats en Ukraine prouvent la valeur lorsqu’il est intégré à une stratégie bien pensée. Son efficacité est réelle, mais reste conditionnée à une logistique robuste, à une gestion intelligente des cibles, et à une couverture anti-drone adaptée. La guerre en Ukraine ne consacre pas une révolution technologique, mais l’aboutissement d’un modèle d’artillerie mobile de précision, fruit de trois décennies de doctrine militaire américaine.

1 réflexion au sujet de « Canon HIMARS : arme miracle ou illusion de puissance ? Enquête sur un canon stratégique »

  1. Canon himars? Il est où le canon?
    Bon article mais titre à revoir.
    Un canon sert à tirer un obus pas une roquette et encore moins un missile!

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