L'utilisation de camouflages militaires étrangers, comme le Jigsaw belge, par l'Ukraine suscite des interrogations importantes sur les implications légales selon les lois de la guerre. Cette pratique, bien qu’apparemment anodine, soulève des questions complexes concernant le respect du « jus in bello » (droit dans la guerre) et la reconnaissance des combattants sur le champ de bataille. Dans un contexte où les normes de guerre sont strictement encadrées, l’adoption de ces tenues par les forces ukrainiennes mérite une analyse approfondie.
Le camouflage belge Jigsaw : réutilisation par l'Ukraine
Le camouflage Jigsaw, initialement développé par l'armée belge dans les années 1950, se distingue par ses motifs complexes rappelant des pièces de puzzle, avec des couleurs variant du vert au marron, en passant par le noir. Conçu pour briser la silhouette du porteur dans des environnements naturels, ce camouflage a été largement utilisé en Belgique avant d'être progressivement remplacé par des modèles plus modernes.
Aujourd'hui, ces uniformes obsolètes ont trouvé une seconde vie en Ukraine, notamment au sein de la 17e Brigade de chars séparée et de la 93e Brigade mécanisée. Cette réutilisation illustre la flexibilité nécessaire en temps de guerre, où les ressources sont souvent limitées. Cependant, cela pose la question du respect des règles internationales concernant l’identification des combattants sur le champ de bataille.
Les lois de la guerre et l'importance de l'identification des combattants
Selon le Protocole additionnel I des Conventions de Genève (Article 44), les combattants doivent être clairement identifiables par leur uniforme pour bénéficier du statut de prisonnier de guerre en cas de capture. Ce statut garantit des droits essentiels, tels que le traitement humain et la protection contre les mauvais traitements et l'humiliation publique. L'utilisation de tenues non réglementaires ou civiles peut entraîner la requalification des combattants en tireurs embusqués ou en mercenaires, privant ainsi ces derniers des protections accordées par le droit international humanitaire.
Le port de l'uniforme : une obligation flexible ?
Bien que l’uniforme militaire soit un élément clé pour garantir le respect des lois de la guerre, les États ne sont pas tenus de limiter leurs soldats à un seul type d’uniforme pour l’entraînement. Par exemple, en France, des uniformes bleus digitaux sont utilisés pour simuler des forces adverses lors d’exercices.
En Ukraine, la rapidité des recrutements, exacerbée par le contexte de guerre, a conduit à une pénurie d’uniformes nationaux. Ainsi, l’utilisation de tenues Jigsaw belges lors des phases d'entraînement ne constitue pas une violation du droit international humanitaire, tant que ces tenues ne sont pas utilisées en combat, où l’identification des combattants est cruciale pour le respect des lois de la guerre.