Boeing nomme Kelly Ortberg, vétéran de l’aérospatiale, au poste de PDG

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 1 août 2024 à 9h00
Boeing face à la justice : une affaire de fraude qui fait débat
Boeing nomme Kelly Ortberg, vétéran de l’aérospatiale, au poste de PDG - © Armees.com

Dans un contexte marqué par des troubles corporatifs, l'entreprise aérospatiale Boeing accueille un nouveau PDG, Robert "Kelly" Ortberg - ancien PDG de Rockwell Collins et vétéran de l'industrie. Ortberg deviendra le nouveau capitaine à bord à partir du 8 août, dans un mouvement rapide salué par les analystes alors que l'entreprise cherche à traverser la tempête juridique, réglementaire et de production qu'elle affronte actuellement.

La situation précaire de Boeing a été illustrée par une perte de 1,4 milliard de dollars au deuxième trimestre, sur des revenus en déclin. L'échec concerne tant leur division d'avions commerciaux que celle de la défense. Alors que les nuages s'amoncelaient, Boeing a plaidé coupable à une accusation de fraude fédérale suscitée par les tragiques accidents du 737 Max, qui ont coûté la vie à 346 personnes. Un incident impliquant l'explosion d'un panneau d'avion chez Alaska Airlines a poussé la Federal Aviation Administration à intensifier sa surveillance sur la qualité de fabrication de Boeing.

Le président de Boeing, Steven Mollenkopf, a confirmé que la nomination d'Ortberg faisait suite à un "processus de recherche exhaustif et approfondi". Avec une réputation solidement établie pour la gestion de sociétés de fabrication et techniques complexes, les compétences et l'expérience d'Ortberg ont été jugées adaptées aux prochains défis de Boeing. L'entreprise a également décidé de wafter l'âge de la retraite obligatoire de 65 ans pour Ortberg, tradition déjà observée avec David Calhoun, son prédécesseur, en 2021.

L'arrivée d'Ortberg à la barre de la direction a surpris les observateurs qui murmurait les noms de Patrick Shanahan ou de Stephanie Pope, tous deux cadres expérimentés de Boeing, comme successeurs potentiels. Ortberg a quitté son poste de PDG chez Rockwell Collins en 2018, après une fusion avec United Technologies, et a pris sa retraite de RTX (anciennement Raytheon) en 2021.

L'analyste et critique de l'industrie, Richard Aboulafia, a salué la nomination d'Ortberg comme une "excellente nouvelle pour Boeing", ajoutant qu'Ortberg pourrait annoncer "plus d'espoir pour un avenir meilleur que l'entreprise n'en a connu depuis des décennies". Scott Deuschle de la Deutsche Bank a aussi appuyé cette nomination en insistant sur l'expertise en ingénierie d'Ortberg et son expérience extensive dans le secteur aéronautique.

Ortberg, successeur de Calhoun, hérite d'un Boeing en crise, avec une perte de 25 milliards de dollars depuis le début de l'année 2019. Les problèmes comprennent des allégations de lanceurs d'alerte, des processus d'approvisionnement inefficaces qui impactent la production, la menace de grèves de leur principal syndicat, l'attente d'approbations réglementaires pour deux nouveaux modèles Max, et de cruciales décisions concernant la conception d'un nouvel avion monocouloir.

Les difficultés financières de Boeing sont soulignées par sa perte de 1,44 milliard de dollars au deuxième trimestre, comparativement à la perte de 149 millions l'année précédente. Avec une perte opérationnelle de 715 millions dans sa division d'avions commerciaux et une chute de 32% des revenus due à une réduction des livraisons, les défis semblent loin d’être surmontés pour Boeing. Malgré les perturbations de la production du 737 Max suite à l'incident avec Alaska Airlines, l'entreprise espère augmenter la production à 38 unités par mois d'ici la fin de l'année.

La situation financière de Boeing est encore aggravée par une amende de 244 millions de dollars suite à un accord avec le ministère américain de la Justice, découlant des accusations de fraude liées au développement du Max. Cet accord rencontre l'opposition des familles touchées par les accidents du Max et attend l'approbation du tribunal fédéral du Texas.

Pourtant, malgré la perte de 913 millions de dollars dans sa division défense et espace suite aux problèmes rencontrés sur d'importants contrats gouvernementaux, l'action Boeing a grimpé de 2% lors de la matinée boursière.

Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l'Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

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