En 2025, le budget de la Défense française va augmenter de 3,3 milliards d’euros. Mais concrètement, comment cet argent sera-t-il réparti entre les nouveaux équipements, la dissuasion nucléaire, et les missions extérieures ? Voici un tour d’horizon des principales priorités du ministère des Armées.
Priorité à la dissuasion nucléaire et aux nouveaux équipements pour l'Armée française
Le budget des armées pour 2025 est marqué par une hausse significative, passant à 50,5 milliards d’euros, soit une augmentation de 3,3 milliards. Cette progression est loin d'être anecdotique, surtout dans un contexte de restrictions imposées à d’autres ministères. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, l’a affirmé devant la commission de la Défense le 14 octobre 2024 : « Pourquoi la défense ne fait-elle pas l’objet de coups de rabot ? Les efforts ont déjà eu lieu », rappelant les 54 000 postes supprimés entre 2008 et 2013. Mais cette hausse est justifiée. Deux tiers de ce budget, soit 31,3 milliards d’euros, seront dédiés à l’équipement des forces armées, tandis que la masse salariale représente 27 % du budget, soit 13,6 milliards d’euros. Les dépenses de fonctionnement et les opérations extérieures, quant à elles, se voient allouer près de 5 milliards d'euros.
Une part importante de l'enveloppe budgétaire est consacrée à la dissuasion nucléaire, avec un investissement qui grimpe à 5,8 milliards d'euros en 2025. Cette somme servira notamment à développer la nouvelle version du missile stratégique M51, embarqué sur les sous-marins nucléaires. Ce projet de longue haleine verra ses premiers résultats au milieu des années 2030. Un autre projet d’envergure : le lancement officiel du programme de porte-avions nouvelle génération (PANG). Ce géant de 75 000 tonnes, prévu pour succéder au Charles de Gaulle, va nécessiter un investissement de 224 millions d’euros dès 2025. Les drones de combat et le Rafale F5 ne sont pas en reste, avec un investissement de 821 millions d’euros pour les premières phases de développement.
Quelques incertitudes budgétaires malgré un optimisme affiché
Outre les investissements technologiques, l’armée française doit faire face à de nouveaux défis, notamment en matière de gestion des ressources humaines. En 2025, le ministère prévoit la création de 700 postes, dont une majorité sera affectée à l’intelligence artificielle, au numérique et au renseignement. Ces recrutements sont essentiels pour maintenir les capacités opérationnelles des armées, surtout dans un contexte où les cybermenaces se multiplient. En parallèle, des efforts sont réalisés pour moderniser les équipements : livraison de 14 Rafale, de frégates, de nouveaux hélicoptères et de systèmes d’armement sol-air. En tout, plus de 8 000 fusils d'assaut HK416 seront livrés aux troupes, renforçant encore leur préparation.
Malgré ces annonces prometteuses, certaines zones d'ombre demeurent. L'une des principales incertitudes concerne les 2,6 milliards d’euros de crédits gelés par Bercy pour l’année 2024. Si ces fonds ne sont pas débloqués, cela pourrait impacter la hausse budgétaire de 2025. Autre point sensible : le financement des opérations extérieures (OPEX). La provision allouée de 750 millions d’euros semble insuffisante pour couvrir les coûts, notamment pour les missions en Roumanie et en Estonie. Enfin, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, a estimé entre 300 et 400 millions d’euros le coût de la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, lors de son audition devant les députés de la commission de la Défense le 15 octobre 2024.