L’avionneur européen Airbus vient de procéder au rachat de plusieurs sites de l’Américain Spirit AeroSystems. Une opération qui lui permet de renforcer son autonomie stratégique.
Airbus prend le contrôle de plusieurs sites de Spirit AeroSystems
Airbus annonce avoir finalisé un accord de 439 millions de dollars (environ 411 millions d’euros) avec l’Américain Spirit AeroSystems pour la reprise de plusieurs usines clés. Officiellement, il s’agit de renforcer sa chaîne de production civile. Officieusement, c’est une opération de consolidation de la souveraineté industrielle qui s’amorce. Le cœur de l’acquisition concerne six sites : Belfast, Prestwick, Casablanca, Saint-Nazaire, Wichita et Kinston.
Si la communication officielle met l’accent sur la sécurisation des programmes civils A220, A320 et A350, certains sites comme Belfast ou Prestwick recèlent une valeur stratégique bien plus large.
Le site de Belfast, en particulier, ne se limite pas à produire des ailes pour l’A220. Selon Reuters, il est également impliqué dans des travaux liés à la défense et au spatial, en complément de la production pour les jets privés de Bombardier.
Le site abrite les anciens ateliers de Short Brothers, plus vieux avionneur du monde, et constitue le principal site industriel d’Irlande du Nord, avec environ 3 000 salariés. Airbus n’a pas confirmé publiquement la reprise de la branche défense, mais pourrait se retrouver propriétaire de la totalité du site, y compris de ses activités militaires, si aucun repreneur alternatif n’émerge.
Airbus étend silencieusement son empreinte industrielle stratégique
À Prestwick, en Écosse, Airbus hérite également de compétences dans la fabrication de structures complexes en matériaux composites, une technologie critique dans les projets militaires futurs. Historiquement, ce site a transité par BAE Systems, puis par Spirit AeroSystems en 2006, renforçant sa culture industrielle duale.
Le communiqué officiel d’Airbus, s’il reste centré sur les programmes civils, évoque néanmoins une ambition plus large : « Cette acquisition permettra de renforcer la résilience industrielle d’Airbus à long terme. »
Sous couvert de restructuration industrielle, Airbus reconstruit patiemment un socle productif multi-missions, capable, à terme, de servir tant les projets civils que les grands programmes militaires européens comme l’A400M, le futur chasseur NGF du programme SCAF (Système de combat aérien du futur), ou des plateformes ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance).