C’est une image que l’on pensait impossible, ou du moins hautement improbable. Celle d’un moteur de Rafale, avion de chasse multirôle de Dassault Aviation, fierté de l’industrie française, gisant au sol, éventré, calciné. Le reste de l’appareil n’a pas été photographié d’après les informations, mais à partir du moment où le moteur du Rafale a été identifié…
Selon une convergence de sources crédibles, au moins un Rafale indien a été abattu dans la nuit du 6 au 7 mai, lors de l’opération Sindoor, conduite par l’Indian Air Force contre des cibles au Pakistan.
Ce que l’on croyait jusqu’ici être une rumeur amplifiée par la propagande pakistanaise — et par une campagne de désinformation virale sur les réseaux sociaux — se confirme peu à peu : un pays client du Rafale a perdu un, peut-être plusieurs avions en mission de combat.
Une première, et un tournant dans l’histoire de cet appareil.
Car au-delà de la perte humaine et symbolique, c’est tout un modèle de crédibilité, de dissuasion et d’exportation qui est mis à l’épreuve. Et peut-être, aussi, une réalité opérationnelle qui se redessine, dans laquelle même les avions dits « de génération 4,5 » ne sont plus à l’abri.
Le combat aérien doit s’adapter à la perte du Rafale
L’incident s’est déroulé à très haute altitude, bien au-delà de la portée visuelle, dans ce qui est présenté par plusieurs experts (dont plusieurs anciens pilotes de chasse) comme le plus vaste engagement BVR — Beyond Visual Range — de l’histoire moderne. Selon les données disponibles, les Rafale indiens, engagés en soutien de frappes air-sol, opéraient depuis leur propre espace aérien, sans franchir la frontière.
Un choix tactique prudent, fondé sur une hypothèse : celle que les chasseurs pakistanais — des J-10CE chinois — étaient limités à des missiles PL-15 export à portée de 140 km. Problème : le missile utilisé aurait en réalité été une version non-export, disposant d’une portée de 300 km, soit plus du double.
Un élément crucial s’ajoute : la présence confirmée d’un avion radar Saab 2000 Erieye côté pakistanais. Grâce à son radar embarqué bien plus puissant que celui du chasseur, cet appareil aurait pu détecter les Rafale indiens au loin, transmettre les coordonnées de tir aux J-10, puis guider le missile en vol.
Autrement dit, le pilote Rafale a été frappé à distance, loin derrière sa frontière, sans même savoir qu’il était dans la zone de danger. Et avec une vitesse de plus de Mach 4 pour le missile chinois, le pilote n’a eu que quelques secondes pour réagir — une fenêtre très étroite, même pour un appareil aussi agile. « Éjection éjection éjection » ? Ou bien le pilote a-t-il tenté d’activer les contre-mesures avant de décider de sauter ?
Pouvait-on anticiper cette perte ?
Cette perte est d’autant plus symbolique qu’il s’agirait — selon les données publiques disponibles — du premier chasseur de génération 4,5 abattu au combat. Une catégorie qui regroupe les appareils les plus évolués avant les chasseurs furtifs de 5e génération, comme le F-35 ou le J-20 chinois.
Est-ce une remise en cause des qualités du Rafale ? Pas nécessairement. L’avion n’est pas seul en cause : c’est la doctrine d’engagement, le niveau de coordination interarmes, et surtout la surprise stratégique qui ont joué. Le Rafale reste un chasseur polyvalent redoutable. Mais ce qu’il révèle, c’est peut-être la limite du paradigme actuel : un avion non-furtif, même équipé des meilleurs capteurs et armements, peut être vulnérable à un tir de très longue portée, si le renseignement échoue à anticiper.
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Quelles conséquences pour l’export ?
Le coup est rude. En pleine dynamique commerciale — 18 contrats export signés en dix ans, avec l’Égypte, le Qatar, la Grèce, la Croatie, les Émirats, l’Indonésie et à nouveau l’Inde — la perte d’un Rafale en opération ne passe pas inaperçue. Le cours en bourse de Dassault Aviation a chuté de près de 10 % en quelques jours, preuve que l’incident pèse aussi dans les esprits des investisseurs.
Le contexte est d’autant plus critique que la cadence de production du Rafale vient d’être triplée, passant de 1 à 3 appareils par mois. La France parie sur un second âge d’or de l’avion, alors même que des négociations sont en cours avec la Colombie, le Bangladesh, et potentiellement l’Arabie Saoudite.
La vraie question est donc politique : ce revers freinera-t-il l’élan ?
Sans doute à court terme. Mais à moyen terme, tout dépendra de la réponse française. Si Paris joue la carte de la transparence, si Dassault renforce encore sa feuille de route vers le Rafale F5, et si les travaux sur une version furtive — le “Super-Rafale” — sont accélérés, l’avion pourrait sortir renforcé de l’épreuve. Il n’y a pas de supériorité éternelle en guerre aérienne. Il n’y a que des adaptations continues.
Comment Dassault peut-il négocier ce tournant stratégique ?
Il y a quelque chose d’instructif, presque nécessaire, dans ce coup d’arrêt. Le Rafale avait été vendu comme invincible. Le voir touché ne le rend pas obsolète : il le rend humain. Et donc, améliorable. L’armée française et ses partenaires ont désormais l’opportunité d’en tirer les conséquences techniques et doctrinales.
Dans le ciel d’Asie, c’est peut-être une page qui se tourne. Mais si Dassault sait l’écrire avec sang-froid, ce ne sera pas la fin de l’histoire. Seulement le début du chapitre suivant.