À Paris, derrière les vitrines d’un hôtel particulier, des souvenirs intimes d’une très grande figure de France s’apprêtent à changer de main. Mais au milieu de ces objets d’exception, une pièce emblématique, chargée d’un pouvoir symbolique immense, attire tous les regards sans être disponible à l’achat.
Dans un cadre feutré et empreint de solennité, une plongée dans l’univers du général de Gaulle s’offre aux visiteurs. Chaque objet raconte une histoire, une facette insoupçonnée d’un homme dont le destin a marqué la France à jamais.
L’Appel du 18 juin, un trésor intouchable
Des manuscrits annotés, une montre patinée par le temps, un train électrique d’époque… La famille de Charles de Gaulle a ouvert les portes de son héritage à l’expertise d’Artcurial, un hôtel particulier situé aux Champs-Élysées. Avec 372 lots en vente publique, cette collection traverse les multiples facettes du général : du jeune capitaine de 1924 à l’homme d’État. Cependant, l’inventaire a surpris les héritiers eux-mêmes, confrontés à l’ampleur d’un legs familial aussi dense qu’inattendu.
Parmi les pièces exposées, le manuscrit de l’Appel du 18 juin 1940 suscite fascination et émotion. Conservé précieusement par la famille, ce texte emblématique de la Résistance, lancé depuis Londres sur les ondes de la BBC, est présenté pour la première fois dans sa version originale. Raturé, corrigé, vivant, il est un témoignage poignant de l’histoire. Pourtant, « il ne peut pas être vendu », précise Frédéric Harnisch, directeur du département livres et manuscrits d’Artcurial. Ce trésor reste hors des enchères, mais son exposition est une rare opportunité pour le grand public.
Charles de Gaulle : entre mémoire et héritage
Cette vente ne se limite pas à un simple inventaire d’objets personnels. Elle représente un compromis entre la préservation d’un patrimoine familial et la nécessité de répondre aux réalités matérielles, comme le règlement des droits de succession. Certains lots, tels que des lettres adressées à Yvonne de Gaulle, sa femme, ou le manuscrit du premier ouvrage du général, « La Discorde chez l’ennemi », permettent de mieux comprendre l’homme derrière le mythe. 2 000 à 3 000 euros pour des ouvrages, 50 000 à 60 000 euros pour des manuscrits plus rares.
Une partie des bénéfices sera reversée à la Fondation Anne de Gaulle, créée en mémoire de la fille cadette du général, pour soutenir les personnes en situation de handicap. Yves de Gaulle, petit-fils du général, souligne dans le catalogue de la vente que cet événement est aussi l’occasion d’« enrichir les collections publiques » avec des documents historiques de grande valeur. L’État et des institutions culturelles pourraient manifester leur intérêt pour plusieurs pièces phares.








