Le Danemark s’apprête à instaurer une mesure inédite : dès le 1ᵉʳ juillet 2025, les jeunes femmes seront, comme les hommes, soumises au tirage au sort pour le service militaire. Une réforme qui s’inscrit dans un contexte international tendu et soulève des interrogations sur l’évolution des politiques de défense en Europe.
Le 1ᵉʳ juillet 2025, une nouvelle page de l’histoire militaire du Danemark s’écrira. Les jeunes Danoises, jusqu’ici exemptées de tout appel automatique sous les drapeaux, seront désormais concernées par le service militaire obligatoire. Cette réforme, avancée de deux ans par rapport au calendrier initial, marque un tournant stratégique, politique et symbolique.
Une loterie pour les Danoises : comment le service militaire va changer
La réforme n’a rien d’une vague déclaration d’intention. À partir de l’été, les femmes âgées de 18 ans seront, comme leurs homologues masculins, convoquées à la Forsvarets Dag – la Journée de la Défense, événement national qui combine entretiens, examens médicaux et épreuves écrites. Si elles sont jugées aptes, elles participeront à une loterie déterminant qui sera effectivement appelée à servir.
Le ministre de la Défense Troels Lund Poulsen a justifié cette avancée législative inattendue : « À la lumière de la situation actuelle de politique de défense et de sécurité politique, les forces armées ont besoin de recruter davantage, et c’est donc un signal important d’avancer la parité complète entre femmes et hommes au 1ᵉʳ juillet 2025 ».
Autrement dit, il ne s’agit pas seulement d’un principe d’équité : il faut combler les rangs. Et si les volontaires ne suffisent pas, le tirage au sort s’en chargera.
Guerre en Ukraine, Russie menaçante : le Danemark sur le pied de guerre
Ce changement radical de politique militaire intervient dans un contexte géopolitique européen tendu, en premier lieu à cause de la guerre en Ukraine. La Russie est perçue comme une menace directe par les autorités danoises, et la réforme est inscrite dans une stratégie de réponse élargie.
En février 2025, le Danemark a débloqué 6,8 milliards d’euros supplémentaires pour sa défense, s’ajoutant aux 5,4 milliards d’euros annoncés en 2024. Objectif : faire face à un environnement de sécurité « fondamentalement modifié », selon les termes du gouvernement.
Cette révision touche aussi la durée de la conscription. Le service passe de 4 à 11 mois – une rallonge de taille. Le chef de la Défense par intérim, Michael Hyldgaard, explique que cette réforme suit des recommandations internes et qu’elle vise à garantir que l’armée pourra répondre aux besoins futurs en personnel, en y intégrant durablement les femmes.
Les Danoises dans l’armée : un exemple que la France n’imite pas… encore
Le Danemark n’a pas attendu pour intégrer les femmes dans son dispositif militaire. Aujourd’hui déjà, 25 % des conscrits danois sont des femmes volontaires. L’enjeu est désormais d’aller plus loin en imposant cette présence via une contrainte légale. Ce changement implique des adaptations concrètes : logements, équipements, formation.
L’avant-projet de loi, enregistré au Folketinget (le Parlement danois), stipule explicitement une volonté d’« accroître l’égalité entre les femmes et les hommes dans le cadre du service militaire obligatoire ».
Pendant ce temps, en France, les jeunes femmes ne sont pas concernées par une quelconque forme d’appel obligatoire. Le modèle danois tranche donc avec les choix hexagonaux : conscription effective, et désormais paritaire.
