Comment la Chine tient l’industrie militaire européenne entre ses mains

L’UE fait face à un défi majeur : sa dépendance aux terres rares chinoises menace sa défense.

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Comment la Chine tient l’industrie militaire européenne entre ses mains | Armees.com

L’Union européenne se trouve à un tournant dans sa stratégie de défense en voulant moins dépendre des ressources venues de Chine. Pékin a en effet décidé d’imposer de nouvelles mesures d’exportation, qui entreront en vigueur le 1er décembre. Ces règles ciblent surtout les entreprises liées aux armées étrangères à la Chine, ce qui signifie que toute demande d’utilisation de terres rares à des fins militaires sera systématiquement refusée.

Effets sur l’industrie de la défense

L’industrie de l’armement européenne, représentée par l’Association des industries européennes de l’aérospatiale, de la sécurité et de la défense (ASD) et réunissant plus de 4 000 entreprises – Airbus, BAE Systems, Saab, Thales, Rheinmetall, entre autres – se retrouve directement concernée par ces mesures, alors que l’expansion industrielle est en cours. Les retards prévus dans la capacité de production de munitions et de systèmes de haute technologie inquiètent particulièrement, alors que l’UE souhaite se réarmer et renforcer sa base industrielle pour gagner en autonomie.

Lors d’une réunion récente à La Haye avec les membres de l’OTAN (dont 22 pays font aussi partie de l’UE), un engagement a été pris pour porter les dépenses de défense à 5 % du PIB d’ici 2035. L’idée est de coordonner les marchés publics communs tout en coupant progressivement les liens de dépendance avec les fournisseurs étrangers.

Les initiatives européennes pour contrer les restrictions

Face aux mesures chinoises, l’UE lance plusieurs projets pour tenter de limiter les effets de ces restrictions. Parmi eux, on peut citer le « mur antidrones » et l’initiative des flancs orientaux. Toutefois, ces projets se heurtent aux nouvelles règles imposées par Pékin. Daniel Fiott explique à Euronews, que « l’élargissement des restrictions chinoises toucherait fortement l’industrie européenne de la défense », ce qui pourrait ralentir à la fois la production et l’innovation militaire au sein de l’OTAN.

En parallèle, la Chine fournit aujourd’hui 31 % du tungstène et 97 % du magnésium utilisés en Europe, illustrant une dépendance stratégique préoccupante. Avec une demande en terres rares qui devrait être multipliée par six d’ici 2030, Bruxelles se voit dans l’obligation de prendre des mesures rapidement.

Les lois et stratégies européennes

Pour réduire cette forte dépendance, l’UE a adopté une loi sur les matières premières critiques. Elle vise à stimuler la production locale, diversifier les importations et encourager le recyclage. D’ici 2030, les objectifs sont de satisfaire :

  • 10 % de la demande par l’extraction nationale,
  • 40 % par la transformation locale et
  • 25 % par le recyclage.

Par ailleurs, il est prévu que la part provenant d’un seul pays ne dépasse pas 65 % pour chacun des matériaux concernés.

Cependant, comme le souligne Adrian Schmitz, les avancées pour se libérer de cette dépendance mettront du temps à se concrétiser. En effet, développer le raffinage et le recyclage à l’échelle nationale risque d’engendrer des coûts environnementaux non négligeables.

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