Le 15 octobre 2025, le nouveau classement Henley & Partners a été publié : le passeport américain recule à la douzième place mondiale, son plus bas niveau depuis deux décennies. Loin d’un simple changement statistique, cette perte de puissance dans le classement mondial de la mobilité traduit un affaiblissement du soft power américain. Selon l’indice, le document permet désormais de voyager sans visa vers 180 destinations, contre 193 pour Singapour, pays désormais en tête du palmarès.
Puissance des passeports : un classement dominé par l’Asie et l’Europe
Le Henley Passport Index 2025, basé sur les données officielles de l’Association internationale du transport aérien (IATA), classe 199 passeports selon le nombre de destinations accessibles sans visa préalable. En 2025, le podium confirme la montée en puissance de l’Asie : Singapour occupe la première place avec 193 pays accessibles, suivie par la Corée du Sud et le Japon, à 190 et 189 destinations respectivement.
Les passeports européens restent solides : la France, l’Allemagne et l’Italie figurent dans le groupe des troisièmes ex aequo, chacun offrant un accès à 189 pays sans visa. La France conserve ainsi une position stable.
En revanche, les États-Unis chutent à la 12ᵉ place, à égalité avec la Malaisie. En 2024, le passeport américain occupait encore la 7ᵉ position, rappelle The Guardian. Cette sortie du top 10 est la première depuis 2005, confirmée par Axios .
Les causes d’un recul : diplomatie, réciprocité et perception internationale
L’érosion du passeport américain ne résulte pas d’un seul facteur. Plusieurs paramètres expliquent la perte de rang : d’abord, la diminution du nombre d’accords bilatéraux d’exemption de visa ; ensuite, la perception croissante d’un repli diplomatique des États-Unis depuis le milieu des années 2010.
Selon Time, certains pays — comme le Brésil, la Chine ou le Vietnam — ont restreint les facilités d’entrée accordées aux ressortissants américains, citant une absence de réciprocité. D’autres États ont suspendu ou renégocié leurs accords après des tensions diplomatiques, notamment en matière de sécurité ou de données biométriques. Annie Pforzheimer, ancienne diplomate et chercheuse au Center for Strategic and International Studies (CSIS), lie directement la baisse du rang américain à une inflexion de sa politique étrangère, marquée par moins d’engagement multilatéral.
Le classement Henley traduit cette tendance : la puissance du passeport américain a stagné alors que les nations asiatiques et européennes ont accru leur réseau d’accords de libre circulation. L’écart se creuse : 13 pays de plus sont accessibles sans visa avec un passeport singapourien qu’avec un passeport américain.
La puissance du passeport, miroir du soft power américain
Historiquement, le passeport américain représentait l’un des symboles les plus tangibles du leadership global : sécurité, respectabilité et ouverture. Or, depuis dix ans, cette image s’effrite. Selon The Washington Post, les États-Unis disposent toujours d’un document solide, mais « sa valeur relative diminue » à mesure que d’autres puissances signent de nouveaux accords bilatéraux.
Or L’influence mondiale ne se mesure plus seulement en puissance militaire ou économique et se lit aussi dans la liberté de mouvement de ses citoyens. Un passeport puissant traduit la confiance accordée par les autres nations : plus un État est perçu comme stable et coopératif, plus il obtient d’accès sans visa. Dans ce contexte, la France, classée dans le top 5, illustre un modèle de continuité diplomatique : coopération européenne, stabilité consulaire et stratégie d’ouverture. Avec 189 pays accessibles, le passeport français confirme la force du réseau européen d’accords, dont bénéficient ses ressortissants.








