Arménie : des manœuvres militaires avec les États-Unis en pleine crise avec la Russie

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 16 juillet 2024 à 12h27
Arménie : des manœuvres militaires avec les États-Unis en pleine crise avec la Russie
Arménie : des manœuvres militaires avec les États-Unis en pleine crise avec la Russie - © Armees.com

L'Arménie renforce ses relations avec l'occident

Le 15 juillet 2024, l'Arménie a entamé des exercices militaires conjoints avec les États-Unis, marquant un tournant significatif dans ses relations internationales. Cette initiative, surnommée « Eagle Partner », illustre les efforts du gouvernement arménien pour renforcer ses liens avec l'Occident, alors que ses relations avec la Russie, son allié historique, se détériorent.Les exercices « Eagle Partner » visent à améliorer l'interopérabilité des unités participant à des missions de maintien de la paix internationales. Selon le ministre arménien de la Défense, Suren Papikyan, ces manœuvres incluent des forces de maintien de la paix arméniennes, des militaires de l'armée américaine en Europe et en Afrique, ainsi que la Garde nationale du Kansas.

Bien que le nombre exact de troupes impliquées n'ait pas été précisé, ces exercices se dérouleront jusqu'au 24 juillet 2024. Ces manœuvres interviennent dans un contexte de tensions croissantes entre l'Arménie et la Russie. Depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, la Russie a été le principal partenaire économique et allié de l'Arménie, hébergeant une base militaire russe sur son territoire et faisant partie de l'Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) dirigée par Moscou.

Les relations difficiles entre Erevan et Moscou

Les relations entre l'Arménie et la Russie se sont particulièrement dégradées après la campagne militaire éclair menée par l'Azerbaïdjan l'année dernière pour reprendre la région du Karabakh, mettant fin à trois décennies de règne séparatiste arménien dans cette zone. Les autorités arméniennes ont accusé les forces de maintien de la paix russes, déployées dans le Nagorno-Karabakh après une précédente série d'hostilités en 2020, de ne pas avoir empêché l'offensive azerbaïdjanaise. Moscou a rejeté ces accusations, arguant que ses troupes n'avaient pas le mandat d'intervenir. La Russie a tenté de maintenir un équilibre délicat, conservant des relations étroites avec l'Arménie tout en maintenant des liens chaleureux avec l'Azerbaïdjan et son principal allié, la Turquie, partenaire économique clé de Moscou en pleine sanction occidentale.

Le Kremlin a été particulièrement agacé par les efforts du Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, pour approfondir les liens de l'Arménie avec l'Occident et éloigner son pays des alliances dominées par Moscou. L'adhésion de l'Arménie à la Cour pénale internationale (CPI), qui a inculpé le président russe Vladimir Poutine pour crimes de guerre présumés liés à la guerre en Ukraine, a été une source de frictions majeures. Alors que la rupture avec la Russie s'accentuait, l'Arménie a gelé sa participation à l'OTSC, annulé sa participation à des exercices militaires conjoints et boudé les sommets du bloc. En septembre 2023, les exercices « Eagle Partner » avaient déjà suscité la désapprobation de Moscou, où les responsables avaient qualifié ce geste de « déloyal ».

Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l'Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.