Plusieurs gradés de l’armée française sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont soupçonnés de favoritisme et de corruption. Les faits portent sur du transport de marchandises au début des années 2010.
L’armée française devant les tribunaux
L'affaire concerne plusieurs marchés publics de logistique militaire, notamment l'affrètement d'avions-cargos pour le transport de matériel et de troupes lors des missions extérieures de l'armée française. Les faits remontent aux années 2010, période durant laquelle l'armée ne disposait pas encore d'appareils de transport lourd comme l'Airbus A400M, la forçant à faire appel à des entreprises privées. C'est dans ce cadre que la société International Chartering Systems (ICS), basée en région parisienne, a remporté la majorité des contrats, malgré la concurrence d'autres sociétés. ICS, spécialisée dans la mise à disposition d'avions soviétiques tels que l'Iliouchine Il-76 et l'Antonov An-124, a ainsi engrangé près de 175 millions d'euros de contrats entre 2011 et 2015, selon des estimations de la Cour des comptes.
Le Parquet National Financier (PNF) suspecte que ces contrats ont été octroyés de manière frauduleuse. Mais surtout, qu'ils ont engendré des surcoûts atteignant jusqu’à 16 millions d'euros. L'accusation se fonde sur la possible proximité entre certains officiers de l'armée et les responsables d'ICS. Selon le PNF, cette entreprise était quasi systématiquement choisie pour des raisons de réactivité. Mais également à cause de liens étroits avec certains militaires en charge des contrats.
Les accusés et les charges
Parmi les accusés, on compte trois officiers généraux et six officiers supérieurs. L'un des principaux protagonistes de cette affaire est le colonel Philippe Rives, ancien chef d'État-major du centre de soutien des opérations et des acheminements (CSOA). Il est accusé de corruption passive et de prise illégale d'intérêts. Après avoir favorisé ICS pendant deux ans, il a ensuite été embauché comme directeur adjoint de la société.
Cette affaire se déroule dans un contexte tendu pour l'armée française, qui, à l'époque, était engagée dans plusieurs opérations extérieures, notamment en Afghanistan, au Mali, et en Centrafrique. Le recours à des prestataires externes pour assurer le transport de matériel lourd était fréquent, faute de capacité interne suffisante. Ainsi, le ministère des Armées demande au tribunal de tenir compte des pressions exercées sur les services de l'armée à cette époque. Et notamment la nécessité d'agir rapidement pour soutenir les opérations militaires en cours.