Une ambition spatiale ancrée dans le réel
Le 20 juin 2025, au cœur du Salon du Bourget 2025, le ministère des Armées et Dassault Aviation ont officialisé un accord stratégique : la signature d’une convention de soutien pour le développement du démonstrateur spatial Vortex-D. Cette annonce marque un tournant majeur dans les ambitions aérospatiales françaises, dans un contexte de concurrence mondiale accrue et de course à la souveraineté spatiale.
Le projet, soutenu également par l’Agence spatiale européenne (ESA), s’inscrit dans la Loi de programmation militaire 2024-2030, dotée de 10 milliards d’euros pour le volet innovation. Il vise à développer une famille d’avions spatiaux réutilisables, conjuguant missions civiles, militaires et scientifiques.
Vortex-D : au carrefour du vol hypersonique et de la rentrée atmosphérique
Le démonstrateur Vortex-D (pour Véhicule Orbital Réutilisable de Transport et d’Exploration) est conçu pour tester en conditions réelles des technologies critiques : vol hypersonique, contrôle de rentrée atmosphérique, protection thermique avancée, et intégration de systèmes autonomes. L’objectif ? Réduire les incertitudes technologiques, valider les options industrielles et préparer des décisions opérationnelles à l’horizon 2031.
Inspiré des programmes Hermès, X-38 et IXV, ce projet adopte une démarche NewSpace : rapide, modulaire, économiquement optimisée. La première version, à échelle 1/3, devrait effectuer son premier vol en 2028. Suivront les versions Vortex-S (2/3), Vortex-C (cargo) et Vortex-M (habité), selon un programme incrémental structuré.
Une coopération au service de l’autonomie stratégique
Cette initiative s’appuie sur une coopération public-privé agile, illustrée par la signature conjointe de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et d’Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation. Pour ce dernier : « À l’instar des appareils civils et militaires de Dassault Aviation, l’avion spatial VORTEX est conçu pour être très polyvalent. Il doit contribuer à transformer les usages du secteur spatial et à proposer de nouveaux champs d’application. Au carrefour des technologies de l’aviation et de l’espace, le VORTEX ouvrira sans aucun doute la voie à une nouvelle génération d’aéronautique spatiale, consolidant le positionnement stratégique de la France en tant que puissance spatiale de premier rang. Dassault Aviation est fier de porter ce défi historique et remercie le ministère des Armées pour sa confiance ».
L’engin, présenté sous forme de maquette au Space Hub du Salon du Bourget 2025, présente des lignes épurées, un revêtement spécifique pour résister aux températures extrêmes, et des éléments aérodynamiques inspirés de l’aviation commerciale.
Vers une nouvelle ère des technologies aérospatiales
Le démonstrateur Vortex-D ambitionne de révolutionner les technologies aérospatiales françaises, en renforçant la capacité nationale à concevoir des systèmes spatiaux réutilisables. Au-delà de la simple démonstration, c’est toute une stratégie de projection spatiale qui se construit, dans un contexte où la France, l’Europe, les États-Unis et la Chine rivalisent pour l’accès souverain à l’orbite basse.
Le président Emmanuel Macron, en visite au Salon du Bourget 2025, a d’ailleurs rappelé :
« Il est fondamental que l’Europe se batte pour devenir une puissance spatiale ».
Une stratégie nationale dédiée sera présentée à l’automne, en amont d’un Space Summit européen prévu en 2026.
Une offensive industrielle structurée
Le programme Vortex n’est pas un acte isolé. Il s’inscrit dans une stratégie d’intégration industrielle complète, où Dassault Aviation compte capitaliser sur ses compétences duales en aviation et en spatial pour créer une nouvelle filière. Transport de fret orbital, missions scientifiques, récupération de matériel spatial, ravitaillement de stations… les perspectives sont vastes.
Le démonstrateur Vortex-D, en validant la première phase critique du projet, devient le pilier d’une autonomie opérationnelle à long terme. Une étape essentielle dans la redéfinition des paradigmes technologiques et militaires du XXIe siècle.