Près de deux siècles après sa mort, Ludwig van Beethoven continue de fasciner le monde. Des chercheurs ont analysé des mèches du compositeur pour tenter d’élucider les causes de ses maladies chroniques et de sa surdité. Ce qu’ils ont découvert dépasse toutes les attentes et remet en cause certaines certitudes historiques.
Beethoven : Un compositeur tourmenté par la maladie
Le 26 mars 1827, Ludwig van Beethoven s’éteignait à l’âge de 56 ans, après des années de souffrance. Dès l’âge de 22 ans, il souffrait de graves douleurs abdominales et de crises de diarrhée récurrentes. À cela s’ajoutaient une surdité progressive et une dégradation générale de sa santé.
Pendant des décennies, les historiens et les médecins ont spéculé sur les causes de ces maux : saturnisme dû à une exposition au plomb, maladie auto-immune, troubles intestinaux héréditaires… Pourtant, grâce aux avancées récentes en génétique, une équipe de chercheurs du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology a décidé d’examiner directement l’ADN du compositeur, en utilisant des mèches de cheveux historiquement certifiées.
L’hypothèse du saturnisme rejetée
En 2007, une analyse avait suggéré que Beethoven souffrait d’un empoisonnement au plomb, possiblement à cause de traitements médicaux de l’époque ou d’une contamination environnementale. Cependant, la nouvelle étude menée en mars 2023 et publiée dans Current Biology remet en cause cette théorie. En effet, une des mèches de cheveux qui avait servi à ces conclusions s’est révélée ne pas appartenir à Beethoven, mais à une femme anonyme. « Nous avons dû reconstituer son génome en utilisant près de 3 mètres de cheveux pour enfin obtenir des résultats fiables », explique Johannes Krause, paléogénéticien au Max Planck Institute.
Hépatite B et cirrhose : la cause probable de la mort
L’un des résultats les plus frappants de l’analyse ADN est la découverte d’une infection par le virus de l’hépatite B dans les derniers mois de la vie du compositeur. Les chercheurs estiment que cette infection, combinée à une consommation régulière d’alcool, a fortement contribué à l’insuffisance hépatique qui l’a emporté. « Beethoven avait un risque génétique accru de développer une maladie du foie. L’alcool et l’hépatite B ont aggravé cette prédisposition », précise Axel Schmidt, généticien à l’Université de Bonn cité par NBC News.
Si la nouvelle étude a pu clarifier certains aspects de la santé de Beethoven, elle n’a pas permis de déterminer avec certitude l’origine de sa surdité. Les chercheurs n’ont identifié aucune mutation génétique claire qui aurait pu causer cette perte auditive. Malheureusement, en l’absence de tissus préservés d’autres parties du corps, il est impossible de conclure sur ce point.
Un secret de famille inattendu chez les Beethoven
Si l’hépatite B et la cirrhose expliquent la mort de Beethoven, une autre découverte ADN a surpris les scientifiques. En comparant son chromosome Y avec celui de descendants actuels portant le nom Beethoven, ils ont trouvé une discordance génétique.
Autrement dit, un de ses ancêtres paternels directs aurait été issu d’une relation extraconjugale. Ce « faux lignage » aurait eu lieu entre 1572 et 1770, bien avant la naissance du compositeur. Cette révélation pourrait remettre en question certains aspects de l’arbre généalogique officiel de Beethoven. « Il est très probable que Beethoven lui-même ignorait ce secret de famille », indique Tristan Begg, anthropologue à l’Université de Cambridge.
Malgré ces découvertes spectaculaires, certaines zones d’ombre persistent. L’origine exacte de ses troubles gastro-intestinaux et de sa surdité reste inconnue. Cependant, l’analyse ADN pourrait encore révéler de nouveaux indices à l’avenir, notamment grâce aux avancées en génétique médicale. Beethoven avait exprimé dans son « Testament de Heiligenstadt » son souhait que ses maladies soient étudiées après sa mort. Deux siècles plus tard, la science lui rend hommage.