Le 3 novembre 2025, la Norvège a annoncé la fin du contentieux qui l’opposait à NHIndustries, consortium piloté par Airbus Helicopters et Leonardo. Signé en 2001, le contrat portait sur la livraison de quatorze hélicoptères NH90 destinés à la garde-côtes et à la lutte anti-sous-marine. Mais entre retards accumulés, disponibilité insuffisante et coûts exponentiels, le programme s’est enlisée jusqu’à la rupture. L’accord amiable conclu à Oslo met fin à toutes les procédures.
Les reproches de la Norvège : retards, fiabilité et performance de l’hélicoptère NH90
Dès 2001, la Norvège avait choisi le NH90 comme nouvel hélicoptère maritime. Les livraisons devaient être terminées en 2008. Pourtant, les premiers exemplaires pleinement opérationnels ne furent livrés qu’à partir de 2011, avec des problèmes persistants de maintenance et de disponibilité. Selon le ministère norvégien de la Défense, la flotte d’hélicoptères ne réalisait qu’environ 700 heures de vol annuelles, contre 3 900 heures prévues. « Peu importe le nombre d’heures travaillées par nos techniciens, le NH90 ne pourra jamais répondre aux besoins des forces armées norvégiennes », déclarait le ministre Bjørn Arild Gram lors de la rupture du contrat en juin 2022, rappelle Reuters.
La situation s’est aggravée lorsque le gouvernement norvégien a officiellement résilié le contrat et réclamé un remboursement intégral. NHI, de son côté, contestait cette décision, rappelant que les conditions d’exploitation en environnement marin restaient particulièrement exigeantes. Le désaccord portait autant sur les performances de l’hélicoptère que sur l’interprétation juridique des clauses contractuelles liant Oslo et le constructeur européen.
L’accord de 305 millions d’euros : une issue négociée avant le procès
Après plusieurs années de discussions et de tentatives de médiation, les deux parties ont trouvé un terrain d’entente. Selon le communiqué officiel publié le 3 novembre 2025 par NHIndustries, le constructeur versera 305 millions d’euros à la Norvège, s’ajoutant à 70 millions d’euros déjà versés sous forme de garanties bancaires. Le texte précise : « Cette solution reflète l’accord des parties pour cesser tous les litiges ».
Cette décision intervient quelques jours avant l’ouverture prévue du procès à Oslo, fixée au 10 novembre 2025, évitant ainsi une confrontation publique. Reuters rapporte que la Norvège réclamait initialement 2,86 milliards d’euros de dommages et intérêts, dont plus de deux milliards liés à l’acquisition d’hélicoptères de remplacement.
En outre, l’accord prévoit que NHIndustries reprenne les hélicoptères, pièces, équipements et outillages livrés à Oslo, afin de les réintégrer dans son stock industriel mondial.
Enseignements d’un litige emblématique pour la défense européenne
Ce règlement met fin à l’un des dossiers les plus sensibles de la coopération industrielle européenne en matière d’hélicoptère militaire. Pour la Norvège, il s’agit d’un compromis pragmatique : récupérer une partie des fonds investis et se libérer d’un programme devenu ingérable. Le gouvernement a d’ailleurs confirmé qu’il avait déjà commandé six MH-60R Seahawk américains pour remplacer les NH90, pour un montant de près de 12 milliards de couronnes norvégiennes (environ 1,1 milliard d’euros).
Pour NHIndustries, qui regroupe Airbus, Leonardo et Fokker, cette issue évite une longue procédure judiciaire. L’accord permet de préserver les relations avec d’autres États utilisateurs de l’hélicoptère NH90, notamment en Europe, et d’éviter que le programme ne soit définitivement discrédité.








